Après l’invention, ou plutôt la démocratisation, de la lampe électrique par Thomas, les villes ont mené une course effrénée en matière d’éclairage public. Les lampadaires font ainsi jusqu’actuellement partie de leurs éléments caractéristiques.
Depuis quelques décennies cependant, certaines de ces villes ont pris conscience de la nocivité de l’éclairage public pour l’environnement. Elles sont ainsi de plus en plus nombreuses à éteindre leurs lampadaires une partie de la nuit.
Une tendance qui se généralise entre minuit et 4 heures
Saint-Nazaire fait partie des localités françaises qui se sont lancées le premier dans l’extinction nocturne de leurs lampadaires en 2018. À l’époque, les dirigeants locaux ne pensaient pas que cette pratique allait se généraliser.
Pourtant, actuellement, les communes qui y recourent sont de plus en plus nombreuses. Dans la Vienne, par exemple, elles étaient 240 à avoir décidé une coupure de la lumière la nuit. Donc, seules 20 communes du département ne s’y sont pas lancées.
De nombreuses autres villes françaises ont également suivi les pas de Saint-Nazaire plus récemment. C’est le cas notamment de :
- Chambéry,
- Nevers,
- Colmar,
- Metz
Il ne s’agit donc pas d’une initiative singulière. Elle serait déjà adoptée en 2021 selon l’Ademe par 40% des communes de l’Hexagone.
Le changement ne s’est fait cependant pas facilement. Et cela est d’autant plus vrai dans des grandes villes comme Strasbourg. La collectivité de la cité la plus européenne de la France a en effet réfléchi sur la question depuis 2015, mais ne parvient réellement à sauter les pas qu’en mars 2022.
Cela est normal, car même si le conseil municipal dispose de tous les droits d’appuyer ou non sur l’interrupteur, il est toujours nécessaire de bien s’interroger sur les besoins des usagers.
Si, par exemple, l’extinction nocturne des bâtiments résidentiels ne sera pas mal vécue, il n’en sera pas de même dans les boulevards bordés de parcs et jardins fortement fréquentés du centre-ville.
Et c’est après la prise en compte de ces besoins que les autorités locaux devront décider de l’horaire de l’extinction ou de réduction d’éclairage public. Force est cependant de reconnaître que dans plus 70% des cités françaises qui y recourent, l’extinction a souvent lieu entre minuit et 4 heures.
Des avantages économiques et écologiques
Mais qu’est-ce qui a motivé de telles initiatives ? L’impératif d’économiser en énergie tout d’abord. La Guerre en Ukraine nous a permis de nous rendre compte combien nous sommes encore dépendants de l’extérieur en matière d’énergie.
Certes, contrairement à Kiev, Mykolaev, Kherson et Kharkiv et d’autres villes ukrainiennes, nous n’allons pas fêter Saint-Nicolas dans l’obscurité. Toutefois, car notre stock pourrait ne pas suffire à répondre à nos besoins dans les années à venir, l’économie d’énergie est plus qu’une nécessité dans toutes les localités françaises.
Et cela passe par une extinction des lampadaires une partie de la nuit, l’éclairage public représentant 32% du budget électricité des collectivités selon l’association les Eco Maires.
Éteindre les lampadaires dans nos villes nous permet aussi de profiter des avantages autres que pécuniaires. Il s’agit également d’un moyen de contribuer à la préservation de la biodiversité. En effet, tous les êtres vivants ne sont pas diurnes comme nous. 30 % des vertébrés et 60 % des invertébrés sont en effet en partie ou en totalité actifs la nuit.
Ainsi, s’ils vivent dans un milieu où tout est clair aussi bien le jour ou la nuit, des compromissions sur leur rythme biologique seront inévitables. Les chauves-souris en sont un meilleur exemple. Les végétaux peuvent également être touchés par de tels problèmes en cas de longue exposition à la lumière artificielle nocturne.
Quid de la sécurité
Si de nombreuses localités hésitent d’adopter cette indispensable transition, c’est surtout à cause des préoccupations sécuritaires qui l’entourent. Il faudra en effet reconnaître qu’encore 91% des Français voient en l’éclairage public un moyen efficace de sécurisation de leur déplacement, de leur personne et de leurs biens.
Reconnaissons tout de même que depuis l’invention des premières lampes électriques, le taux de criminalité dans de nombreuses villes n’a cessé d’augmenter. Contrairement à ce que beaucoup pensent, par ailleurs, c’est durant le jour qu’il y a plus de cambriolages en France (80% contre 20% la nuit).
Et pour encore changer nos perceptions du lien entre l’éclairage et la sécurité, la ville de Saint-Nazaire à récemment fait savoir que la police locale n’a pas eu besoin d’intervenir plus durant ces 4 années où elle a rendu effective l’extinction nocturne de ses lampadaires.
Cela ne devrait pourtant pas suffire pour persuader les villes les plus sceptiques. Certaines préfèrent même à l’extinction nocturne la rénovation de leur parc d’éclairage en misant sur des dispositifs plus économes en énergie.
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